…Île
Ils sont assis de-ci de-là, tapis à l’abri des bosquets, dans le petit parc, au cœur de la ville.
Ville monde.
Et lorsque tout s’étiole, ils respirent un grand verre et continuent à bâtir.
Construisent une citée Yéménite de terre, ocre et duveteuse.
Érigent une histoire cyan, juteuse comme une bonne poire.
Et ensuite ainsi désaltérés gravissent tout en lenteur l’escalier pourpre de leurs envies.
Nuit.
Elle se souvient du tintement des cordes sur les mâts des bateaux à la marina de Malte.
De ces nuits à regarder la lune jouer dans l’obscurité étincelante de la mer méditerranée.
Il dit : « Malte ! Ah oui ils vont tous acheter leurs papiers là bas. C’est pas cher là bas… »
Là bas paradis du commerce d’identité…
S’acheter une identité !
Opposé à cette état européen qui psychanalyse en psychothérapie de savoir qui tu es dans quelle étagère.
Passer clandestinement une nouvelle fois au risque de ta seule vie pour acheter un morceau de papier.
Pour se rêver enfin libre.
Elle pense que le monde fonctionne souvent comme une mouche sur le carreau de sa cuisine, qui s’use et se tue à essayer de traverser la vitre pour retrouver sa liberté ; dans l’extérieur lumineux ; qui jamais ne s’offre à elle.